Cosmos : Tuez l’ennui & devenez un ninja

Dans les sous-sols de la rédaction de Cosmos, il y a des milliers de revues de cinéma. Un corpus adoré que nous nous sommes mis à relire en boucle de plus en plus courtes. Si dans les kiosques, on trouve toujours une presse ciné, elle tourne – elle – en boucle jusqu’à l’asphyxie. Drogués comme nous le sommes par les mensuels cinéma, nous n’arrivons à en acheter aucun. Nada. Fort de tout cet argent resté dans nos poches, nous avons conçu Cosmos, notre rêve de lecteur cinéphile. Prolonger nos expériences de projections, en susciter de nouvelles, ouvrir des boîtes de Pandore, réunir le cercle des maquisards de l’argentique, interviewer, photographier, dessiner, créer un bel objet risographique, etc. : le cinéma, c’est la vie, et la vie est dans le cosmos.

La lecture des interviews de talentueux fabricants de films [1] (un plâtrier de Cinecittà, un cinéaste des échardes de cinéma plein les doigts, etc.) est la seule école de cinéma qui vaille. Après, il ne reste plus qu’à se jeter à l’eau : filmer, filmer, monter, sonoriser (ou pas), projeter, recommencer. Les apprentis qui intègrent les grandes écoles du 7e art [2] voient leur aspirations réduites illico à un unique objectif : penser ou fabriquer de la saucisse de cinéma. De la saucisse art et essai, de la saucisse de steadycam, de la saucisse à l’armoricaine, du boudin blanc expérimental, etc. toutes garanties sans risque grâce au label hygiéniste CNC [3]. Les interviews buissonnières que vous trouverez dans notre (votre) fanzine sont joie, tour de passe-passe, anticipations rétroactives, boîte à outils, souffle et tout ce qui contredit les idées apocryphes et l’enseignement du cinéma tel que salués par la grande famille bouffie (faisandée) et auto-satisfaite du cinéma.

 

La forme est le fond. Le fond est la forme. La beauté a l’intelligence de Jeanne Moreau. Les usines Technicolor distillent leurs colorants magiques comme des sorciers mexicains. Et il y a cette histoire de pellicule. Pour que les principes actifs d’un film conçu en pellicule se déploient à leur maximum, ce film doit être projeté en pellicule. Pour les spectateurs, il n’y a pas d’autres moyen pour réellement accéder à l’œuvre. Le mécanisme psychique de la projection argentique, l’infinie gamme des émulsions [4], cet art et la manière de père en fille depuis 1895 et jusqu’après la dernière vague : c’est aussi cela notre Cosmos [5]. La pellicule se pratique toujours et tous les jours de par le monde[6]. Le numérique est un outil [7]. Il a juste la malchance d’être tombé entre de vilaines pattes.

Une petite communauté. Le terrain vague du cinéma Eden. Naples : happé par une obscure cérémonie fiévreuse sans retour. Courrier des lecteurs : elle nous écrit. Lecteur actif, colporteur cosmique de ce petit fanzine cinématographique. Il y a tout à faire. L’aventure ne fait que débuter. Deux numéros annuel et dans les intervalles, les nuits froides d’insomnie, vous pourrez errer dans la base de données vidéo Cosmos : un objet hybride, mi-Frankenhooker mi-HAL 9000. Des étagères de VHS, de fichiers : des photons dansent pour votre écran : « Je ne regarde pas vraiment les images. Je cuisine, dessine, rêvasse, écoute Cosmos pareil à Nicholas Brady dans Radio libre Albemuth ».

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Texte © Cosmos– Illustrations © DR
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[1] Ou interviews issues d’autres mondes, parallèles au cinématographe.

[2] Sauvons peut-être les écoles purement techniques… ?

[3] Centre national du cinéma et de l’image animé d’intentions douteuses.

[4] Quand cela est possible, on peut aussi respecter le son original (mono, Dolby A, etc.)

[5] La déglutition restaurative numérique, c’est le cinéma administré par un fonds de pension.

[6] Films milliardaires ou complètement fauchés, et un même dealer : Kodak.

[7] Réjouissant quand il ne coûte pas cher.