Traductions en V.U. : Anna Livia Plurabelle

Tellus, dis-moi tout sur Anna Livia !
Je veux tout savoir d’Anna Livia. (James Joyce)

Est-ce que j’ai lu Finnegans Wake ? Non, bien sûr. Enfin, des passages. Ici et là. Et même des morceaux plus copieux. Par exemple, j’ai lu en entier le chapitre 8 : Anna Livia Plurabelle. De quoi ça parle ? C’est vague. Joyce himself l’a défini comme suit : « Un dialogue bavard de l’autre côté de la rivière par deux lavandières qui, à la tombée de la nuit, deviennent un arbre et une pierre. La rivière s’appelle Anna Liffey ». De ce même chapitre, Beckett traducteur a dit : « Ici, la forme est le contenu, le contenu est la forme. Vous vous plaignez que ce genre de choses n’est pas écrit en anglais. Ce n’est pas écrit du tout. Ce n’est pas à lire — ou plutôt ce n’est pas seulement à lire. C’est à regarder et à écouter. Son écriture ne parle pas de quelque chose; elle est ce quelque chose lui-même ». Ma traduction visuelle d’Anna Livia Plurabelle : idem (du moins, à mon sens).

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Une traduction en V.U. (= Version Universelle et/ou Visuels Universels) est une dérive numérique engagée à partir d’un texte littéraire donné. Chaque page dudit texte est traitée comme une image, autrement dit d’un point de vue volontairement désinvolte au regard de la sémantique et de la narratologie. Cette traduction s’effectue selon un protocole dédié soigneusement élaboré en amont, chaque texte induisant un protocole spécifique. On ne saurait, en effet, traduire avec les mêmes clefs des auteurs aussi différents que Joyce, Ponge ou Gombrowicz ; de subtils distinguos sont nécessaires (tons, rythmes, nuances etc.). Voilà pour l’essentiel en quoi consiste ce travail de traducteur. Le dispositif mis en œuvre produit bel et bien une autre version du texte souche. Que cette nouvelle version semble illisible, ou à tout le moins assez difficile à déchiffrer, est une question purement académique. Il y a énigme là-dedans, bien sûr. D’une page à l’autre, cela ne s’éclaircit pas — ni ne s’obscurcit. La traduction flotte. Et tout le reste est poésie visuelle.

Texte & Illustrations © Daniel Cabanis
Traductions en V.U. est un workshop de poésie visuelle in progress de Daniel Cabanis.
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