Traductions en V.U. : L’Amant de Marguerite Duras

On avait décidé de ne plus se voir mais ce n’était pas possible, ça n’avait pas été possible. (Marguerite Duras)

J’ai fait de patientes recherches… que je suis obligé de conclure ainsi : il y a secret autour de L’Amant de Marguerite Duras de la rue Saint-Benoît, de Neauphle-le-Château, des Éditions de Minuit et du Prix Goncourt 1984. Impossible en effet de savoir le nombre exact, à ce jour, des ventes de l’ouvrage en français et pas davantage celui des langues en lesquelles il a été traduit. Sur le premier point, j’entends parler au pire d’un million neuf cent mille exemplaires, sur le second — et c’est effarant également — il est question de quarante-huit langues ! Le succès phénoménal d’un si modeste roman qui ne doit force et beauté qu’à sa modestie même, est-ce possible, et sérieux ? Spontanément, je n’y crois pas : il y a mystère. Un non-dit typiquement durassien ? Peut-être. Pas forcément. Quoiqu’il en soit, j’espère guérir à jamais le prurit des futurs traducteurs dudit Amant en proposant ici une traduction définitive, en Version Universelle, de cet ouvrage que malgré tout l’oubli menace.

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Une traduction en V.U. (= Version Universelle et/ou Visuels Universels) est une dérive numérique engagée à partir d’un texte littéraire donné. Chaque page dudit texte est traitée comme une image, autrement dit d’un point de vue volontairement désinvolte au regard de la sémantique et de la narratologie. Cette traduction s’effectue selon un protocole dédié soigneusement élaboré en amont, chaque texte induisant un protocole spécifique. On ne saurait, en effet, traduire avec les mêmes clefs des auteurs aussi différents que Joyce, Ponge ou Gombrowicz ; de subtils distinguos sont nécessaires (tons, rythmes, nuances etc.). Voilà pour l’essentiel en quoi consiste ce travail de traducteur. Le dispositif mis en œuvre produit bel et bien une autre version du texte souche. Que cette nouvelle version semble illisible, ou à tout le moins assez difficile à déchiffrer, est une question purement académique. Il y a énigme là-dedans, bien sûr. D’une page à l’autre, cela ne s’éclaircit pas — ni ne s’obscurcit. La traduction flotte. Et tout le reste est poésie visuelle.

Texte & Illustrations © Daniel Cabanis
Traductions en V.U. est un workshop de poésie visuelle in progress de Daniel Cabanis.
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