D’un courant l’autre : Courants fous # 2

Nos identités sont trop nombreuses pour contenir un débordement de toutes nos individualités.
Des nombres comptent sur des lettres qui traduisent la parole d’un analphabète irresponsable.
Notre reflet nous trompe lorsque notre image reconnait l’apparence irréfléchie d’un miroir.
Nous appartenons à notre double dès que notre autonomie se substitue à notre dépendance.
Le temps nous échappe sans arrêt car il appartient à des nombres qui se mesurent à l’infini.
Un sens anarchique organise l’art d’emboîter des éveils dans la création d’un chaos gigogne.
Notre importance est superflue car toutes nos erreurs sont nécessaires à une perfection inutile.
Notre culture réussit enfin à nous inquiéter si elle nous sert à ignorer tout ce que nous savons.
Des mots disent n’importe quoi pour détacher une pensée insensée d’une rumination mentale.
La révélation d’un impact météoritique relate toutes les découvertes d’un alphabet cosmique.
Nos étonnements sont sacrés à condition qu’ils provoquent des débordements de notre folie.
Une distance prend soin d’un défi si la folie d’une pensée se consacre à l’œuvre d’un danger.
Un rythme ignore un sens pour déchiffrer des mots qui ne savent pas pourquoi ils sont écrits.
L’aura d’un chaos cosmique se perfectionne sans arrêt si elle entoure une beauté inexistante.
Notre passé est tout à fait étonnant lorsque nos oublis se souviennent enfin de notre mémoire.
Nous distançons un maître si nous mesurons une homophonie qui nous sépare d’un modèle.
Les mots sont justes s’ils sont télescopés par des lettres qui sauvegardent un cosmos amoral.
Le corps de l’alphabet appelle un sport qui danse avec une réponse disciplinée des nombres.
Notre ânerie est mise en faute lorsque notre savoir est domestiqué par une ignorance têtue.
Les pierres sont tombées un jour sur la terre pour construire notre ruine avec des cimetières.
Un mot nommé par des lettres trahit inévitablement l’instruction d’un analphabète anonyme.
Nos reflets se cachent derrière chaque miroir afin de démasquer nos exigences narcissiques.
Une contradiction résout une opposition pendant qu’une évidence authentifie un paradoxe.
Les mots perdent l’habitude d’être prononcés dès l’instant où ils sont écrits pour ne rien dire.
Le grain d’une page attire la texture d’une folie qui tisse la trame d’un sens avec des phrases.
L’art réussit à nous divertir dès que notre ennui s’applique à égayer le travail de notre folie.

Texte © Philippe Jaffeux – Illustration © DR
D’un courant l’autre est un workshop in progress d’un dispositif poétique du monde, par Philippe Jaffeux.
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