État de veille : présentation

État de veille aborde deux axes principaux à l’heure de la cybernétique globale, à la manière où Nietzsche nous enjoignait de toujours considérer la tragédie des événements comme la véritable « centre-matrice de l’art » : son espace intime de la société (ses marges, ses dimensions cachées, ses subjectivités inconscientes…) et son espace extime (ses disruptions, son consumérisme, ses refoulements conscients…).

En effet, toute photographie semble porter les traces de notre psyché collective et émaner de cette inquiétante fascination que nous avons tous pour les images du « réel et son double » comme l’a montré Clément Rosset, images qui, par la nature troublante de leur reproduction, se projettent à notre vue et s’inscrivent durablement en nous de par leur impact, leur viralité, leur flux, etc. Or, la représentation ordinaire du quotidien – et souvent triviales – que ces images sidérales donnent d’une époque produisent un effet révélateur irremplaçable : celui de la force fictionnelle propre à la photographie.

La question qui se pose donc à nous, face à cette déferlante informationnelle, est donc celle de savoir comment appréhender le monde « d’après » annonçant l’émergence d’une nouvelle civilisation qui, après celle de l’oral (manuelle et spirituelle), puis celle de l’écrit (mécanique et matérielle), sera celle du tout digital (numérique et virtuelle).

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État de veille addresses two main themes in the age of global cybernetics, in the same way that Nietzsche enjoined us to always consider the tragedy of events as the true « center-matrix of art »: its intimate space of society (its margins, its hidden dimensions, its unconscious subjectivities…) and its extimate space (its disruptions, its consumerism, its conscious repressions…).

Indeed, every photograph seems to bear the traces of our collective psyche, emanating from that disquieting fascination we all have with images of the « real and its double » as Clément Rosset has shown, images which, by the unsettling nature of their reproduction, project themselves onto our view and inscribe themselves durably in us by virtue of their impact, virality, flow and so on. Yet the ordinary – and often trivial – representations of everyday life that these sidereal images give of an era produce an irreplaceable revelatory effect: that of photography’s own fictional force.

The question we face in the face of this informational onslaught is how to understand the world « after », heralding the emergence of a new civilization which, after that of the oral (manual and spiritual), then that of the written word (mechanical and material), will be that of the all-digital (digital and virtual).

Texte & Illustration © Isabelle Rozenbaum
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