Traductions en V.U. : Rhizome

Oui, le chiendent est aussi rhizome. (Deleuze & Guattari)

Mon exemplaire de Rhizome : introduction est l’édition de 1976, chez Minuit. La substance de cet opuscule aujourd’hui rarissime sera reprise en 1980 dans Mille Plateaux en guise de premier chapitre. Ayant comparé les deux éditions, je vais reproduire ici un passage que Deleuze et Guattari ont supprimé dans la version définitive :

Écrire pour ceux qui ne savent pas lire : les gens ricanent, « vous êtes les pires universitaires, vous ne voyez pas les mots que vous employez, et votre chantage au savoir ? », nous ne répondons pas, nous n’avons pas la même conception d’un livre, nous ne nous sommes jamais cités nous-mêmes, nous n’avons jamais entonné le chant de l’avant-garde style Bouillant Achille ou Tel Quel. Alors, ne nous dérangez pas, Édith Piaf. Quel plaisir ce sera, si des gens disent : là, ils nous déçoivent, ils sont devenus fous. Et s’ils disent : ils ne se renouvellent pas, tant mieux aussi. Nous sommes ailleurs.

Voilà qui était bien tapé, non ? Et superbe est là-dedans l’apparition d’Édith Piaf avec une citation tirée de sa chanson Pour moi toute seule ! Bref, voici ma traduction en V.U. de Rhizome (version définitive) :

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Une traduction en V.U. (= Version Universelle et/ou Visuels Universels) est une dérive numérique engagée à partir d’un texte littéraire donné. Chaque page dudit texte est traitée comme une image, autrement dit d’un point de vue volontairement désinvolte au regard de la sémantique et de la narratologie. Cette traduction s’effectue selon un protocole dédié soigneusement élaboré en amont, chaque texte induisant un protocole spécifique. On ne saurait, en effet, traduire avec les mêmes clefs des auteurs aussi différents que Joyce, Ponge ou Gombrowicz ; de subtils distinguos sont nécessaires (tons, rythmes, nuances etc.). Voilà pour l’essentiel en quoi consiste ce travail de traducteur. Le dispositif mis en œuvre produit bel et bien une autre version du texte souche. Que cette nouvelle version semble illisible, ou à tout le moins assez difficile à déchiffrer, est une question purement académique. Il y a énigme là-dedans, bien sûr. D’une page à l’autre, cela ne s’éclaircit pas — ni ne s’obscurcit. La traduction flotte. Et tout le reste est poésie visuelle.

Texte & Illustrations © Daniel Cabanis
Traductions en V.U. est un workshop de poésie visuelle in progress de Daniel Cabanis.
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