Alors que les rêves sont le propre de l’homme, peu de gens s’en souviennent. Des artistes contemporains tels Andy Warhol (Sleep, 1963), Sophie Calle (Les Dormeurs, 1979), Bill Viola (The Passing, 1991 & The Sleepers, 1992), Pascal Convert (Autoportrait, Polysomnographie et Chambre de sommeil sous la forme d’électrocardiogrammes, 1991), ou encore Mounir Fatmi (Sleep, 2012), s’en sont pourtant emparés comme univers de création.
Tout comme eux, je m’en suis saisie, et dans mon cas pour en faire un nouveau territoire de la conscience. En effet, le rêve a toujours incarné à mes yeux une sorte de parchemin de vie à décrypter, parchemin qui arrive le plus souvent à travers une langue qui lui est propre, mais qui, bien que significative quant à ses messages, nous apparaît toujours plus ou moins mystérieuse et obscure, ou au contraire, prophétique et poétique.
Le projet Sleeping Works propose ainsi à partir du nombre 10 évoquant, à la fois, l’unité et la dualité, différentes réalisations vidéos, sonores et textuelles en vue de créer une installation d’investigation globale. La construction de ces 10 rêves révélés par l’image et le son, est réalisée au regard des trois couleurs alchimiques symbolisant les étapes de l’oeuvre au noir, de l’œuvre au blanc et de l’œuvre au rouge, mais également au regard du gris, du brun, du rose et du bleu qui agissent sur notre psyché comme une colorimétrie révélatrice d’un champ de vision « onirique », à la manière où Goethe note qu’« une couleur fait une impression particulière sur l’être humain et qu’elle révèle par-là son essence à l’œil et à la sensibilité ensemble. […] Le fondement de toute perception de couleurs est la possibilité pour l’œil de transmettre d’emblée deux sensations opposées l’une à l’autre ».
Selon l’influence de l’interprétation des rêves théorisée par les différentes écoles philosophiques et psychanalytiques, le rêve demeure pourtant – encore et toujours – cette part secrète qu’il nous faut déchiffrer de nous-mêmes, et qui nous pousse à nous demander parfois s’il n’est pas plus réel que ce que nous considérons être la réalité.
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While dreams are unique to humans, few people remember them. Contemporary artists such as Andy Warhol (Sleep, 1963), Sophie Calle (Les Dormeurs, 1979), Bill Viola (The Passing, 1991 & The Sleepers, 1992), Pascal Convert (Autoportrait, Polysomnographie and Chambre de sommeil sous la forme d’électrocardiogrammes, 1991), or Mounir Fatmi (Sleep, 2012), have nevertheless seized them as a creative universe. Just like them, I seized them, and in my case to make them a new territory of consciousness. Indeed, the dream has always embodied in my eyes a sort of parchment of life to be deciphered, a parchment that most often arrives through a language of its own, but which, although significant in terms of its messages, always appears to us more or less mysterious and obscure, or on the contrary, prophetic and poetic.
The Sleeping Works project thus proposes, starting from the number 10 evoking, at the same time, unity and duality, different video, sound and textual productions with a view to creating a global investigation installation. The construction of these 10 dreams revealed by image and sound is carried out with regard to the three alchemical colours symbolising the stages of the work in black, of the work in white and of the work in red, but also with regard to grey, brown, pink and blue which act on our psyche like a colorimetry revealing a « dreamlike » field of vision, in the way that Goethe notes that « a colour makes a particular impression on the human being and thereby reveals its essence to the eye and to the sensitivity together. […] The basis of all perception of colours is the possibility for the eye to transmit from the outset two sensations opposed to each other« .
According to the influence of the interpretation of dreams theorized by the different philosophical and psychoanalytical schools, the dream nevertheless remains – still and always – this secret part that we must decipher of ourselves, and which pushes us to sometimes ask ourselves if it is not more real than what we consider to be reality.
Vidéo & Texte © Isabelle Rozenbaum/ADAGP
Le projet Sleeping Works d’Isabelle Rozenbaum a reçu la bourse « Brouillon d’un rêve 2014 » (SCAM).
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